Journal de bord aux JO – Gilles Cavert

Les tribulations d’un blagnacais au Pays du soleil levant…

Départ le 20 juillet au matin, direction francfort. Initialement, je passai par Münich pour rejoindre Tokyo, mais le vol

vers l’Asie ayant été annulé il y a quelques mois, je transite désormais par Francfort. Atterrissage en Allemagne et annonce par l’équipage d’un banal contrôle de sécurité sur la passerelle avant la descente de l’avion,. En fait, la police est là pour moi, me demandant si je n’ai pas d’autres pièces d’identité, parce quelqu’un, ou moi, se fait passer, pour un autre. Après qques minutes d’une inspection minutieuse de mon passeport, ils en déduisent que je suis bien gilles cavert. La réponse, je ne l’aurai que plus tard. En fait, j’étais resté enregistré à la fois sur les vols de francfort et de munich, et la police allemande n’aime pas voir 2 individus portant le même nom, etc…. arriver en Allemagne le même jour..

Ces émotions passées, embarquement pour Tokyo le soir pour un vol sans encombre cette fois ci, plein à raz bord de participants aux JO en provenance d’Amérique latine et d’Europe de l’est pour l’essentiel…

 

Arrivée à l’aéroport de Haneda le 21 à midi, et là, le parcours du combattant commence. De check point en contrôle, de test salivaire en multiples qr codes à télécharger, en rajoutant qques soucis de passeport à la douane, voilà avec des centaines d’autres personnes, je vais passer 4 heures sur place avant de m’extirper de ce contrôle sanitaire version XXXXL !!! Taxi jusqu’à l’hotel pour un repos réparateur.

 

22 juillet : Réunions multiples et variés avec l’organisation, les entraîneurs, les arbitres pour les briefer sur les multiples aspects de la compétition… L’ambiance olympique se créée peu à peu, on oublie les sièges vides…la compétition débute le 24 et certains premiers matchs promettent déjà une belle empoignade comme celui de nos français en double mixte…

 

Ce soir, vendredi, cérémonie d’ouverture que nous suivrons à la télé avec la présence de l’empereur du Japon Naruhito

 

Vendredi 23 :

Les règles sanitaires sont strictes: pas de déplacement autre que pour aller sur le site de la compétition. Pas de transports publics pour aller faire du tourisme…. Donc cérémonie d’ouverture à la télé…. Ca perd une grande partie de son sel et de sa saveur.

 

Y assister est une expérience mémorable et qui marque profondément. Je fais tout à coup un saut dans le temps pour me retrouver le 8/8/2008, à 20.08 au Nid d’Oiseau de Pékin, et ses 2008 tambours qui battent la mesure dans une synchronisation absolue….

 

Samedi 24 , dimanche 25, lundi 26: Premières journées de compétition. La 1ére session débute à 9 heures, ce samedi, ce qui induit un réveil vers 5h30. Test salivaire quotidien pour commencer, prise de température et enregistrement sur une application dédiée.

Petit déj varié et copieux en salle, mélangeant tradition locale (soupe miso, crevettes marinées, poisson sauce soja…..) et référence internationale . L’occasion de discuter avec des amis que l’on n’a pas revu depuis le début de la pandémie (table équipée avec des séparations en plexiglas). Bus à 7h pour arriver 30 mns sur le site. Circulation fluide…les conditions sanitaires ont un effet immédiat sur la circulation automobile….Un briefing nous attend à 8 heures…

 

Exceptée l’obligation de porter le masque en permanence dans la salle, et le fait d’être face à des tribunes vides, rien ne différencie ce tournoi des précédentes éditions en termes d’intensité et d’engagement sur les terrains…les médailles olympiques demeurent le Graal ultime de tout sportif.de haut niveau… J’établis mes premières nominations d’arbitres…..Je connais les points forts et leurs points faibles des 26 arbitre sélectionnés par la fédération internationale….

 

Premières rencontres disputées. Les joueurs français ne sont pas à la fête…

 

Température extérieure : 35 degrés et un taux d’humidité sympathique.. Et un typhon qui s’annonce pour cette semaine, c’est la saison…Dommage, le Mont Fuji vient juste d’être réouvert aux randonneurs après 12 mois de fermeture..

 

Tremblement de terre à Tokyo

La crise du Covid et le faible nombre de compétitions organisées pendant cette période ont eu pour conséquence un resserrement du niveau de performance des athlètes… Certains pays peu habitués aux célébrations olympiques ont ainsi leur heure de gloire à Tokyo… Première médaille d’or dans l’histoire pour les Philippines avec leur haltérophile féminin, première médaille d’or pour les Bermudes et ses 70.000 habitants avec le sacre de Flora Duffy en triathlon féminin !

 

Le badminton n’échappe à la règle et les matchs de mercredi et jeudi se sont traduits par un vrai tremblement de terre pour le pays hôte avec en particulier l’élimination du double champion du monde et favori incontesté en simple hommes, Kento Momota, par ailleurs porte drapeau de la délégation nippone….Une pression difficile à gérer pour le héros de tout un peuple, défait le plus logiquement du monde en 1/8e de finale par le coréen Heo Kwanghee. La journée n’avait pas été avare de surprise, la tête de série n°2, Chou, se sortant par miracle (22-20 au 3è set) du piège tendu par un jeune canadien de 19 ans.. Un piège que Ka Longus (Hong Kong) n’a pu évité face au fantasque guatémaltèque Cordon.. Un coup de chapeau bien mérité à notre Brice Leverdez national qui a tenu un set face au malaisien Lee avant de céder au 2é set… On entre désormais dans le vif du sujet avec des matchs couperets..

 

Toujours pas de spectateurs, mais l’esprit olympique est plus que jamais bien vivant… Et La chaleur et le taux d’humidité font des ravages ….mais le badminton se joue à l’intérieur… 😊.

Boires et déboires……

Les journées se suivent et se ressemblent… Aussi bien en termes de logistique personnelle que de surprises sur les terrains

Lever à 5h30, test salivaire dans la foulée, petit déjeuner copieux…….Bus à 6h50, Arrivée à destination à 7h20. Préparations diverses pour un briefing classique à 8h.et début des matchs de la 1ére session du jour à 9h.

 

Vous avez dit vacances…..Loin de moi l’envie de faire pleurer dans les chaumières. C’est un privilège et un bonheur renouvelé chaque jour que de pouvoir humer et contribuer à cet esprit olympique, cette rage de vaincre, en permettant aux joueurs de donner le meilleur d’eux-mêmes sur les terrains et d’exprimer tout leur potentiel…

 

Les tourment japonais ont été atténués par la médaille de bronze en double mixte grâce au petit lutin de 24 ans, Yuta Watanabe… Les surprises, elles, continuent de s’enchaîner, en particulier en simple hommes ou Kevin Cordon (Guatémala) a éliminé le coréen tombeur de Momota, pour se qualifier brillamment pour les demi finales. Un vrai guerrier, une personnalité attachante, avec un coach indonésien qui exploite très intelligemment toutes les qualités de son protégé. Lequel Cordon, est resté longtemps allongé par terre, à la fin de son match, secoué par des spasmes de joie et de plaisir, à la mesure de son parcours inattendu…

 

Trois jours de compétition encore, et les médailles commencent à être distribuées aux plus gourmands….

 

EPILOGUE

 

Que retenir de cette participation aux JO 2020 de Tokyo ?

 

D’abord avoir pu utiliser avec profit l’expérience tirée de la participation aux JO de 2008, ainsi que celle liée au test préolympique en 2019, ce qui m’ a permis d’être totalement à l’aise pour gérer les multiples coins et recoins du site, et être  à même de trouver rapidement mes multiples interlocuteurs…

 

Ensuite, il y a cette émotion incroyable ressentie à l’occasion de nombreux matchs où les pronostics ont été déjoués… Dans 4 finales sur 5, le favori n’était pas présent. Le bonheur du vainqueur porté à son paroxysme, notamment en double dames et en simple hommes a fait pleurer la salle entière.

 

Dans le dernier match du tournoi, le danois Axelsen fondait en larmes en se prenant la tête à deux mains à la suite de sa victoire contre le chinois Chen Long, vainqueur en 2016 à Rio. Lequel Chen Long ira longuement parler avec le danois pour lui exprimer toute son admiration…..les 2 joueurs échangeant alors leurs maillots sous le regard de spectateurs ayant la sensation d’assister à ce que le sport a de plus beau, de plus émouvant…La fraternité entre athlètes poussée à son extrême… Et tout cela sous les yeux du danois Poul-Erik Hoyer, vainqueur en 1996 à Atlanta, et président en exercice de la fédération mondiale de badminton..

Et ces moments d’émotion ont été si nombreux pendant ce tournoi, si intenses, si forts, si poignants, si puissants….du Guatémaltèque Cordon après sa qualification pour les demi finales aux indonésiennes Polii et Rahayu…A voir et revoir sans modération…

 

D’un pont de vue plus quantitatif, mes 14 jours à  Tokyo se seront traduits par 14 tests salivaires, 28 contrôles de température, 1 test Pcr qui m’a transpercé la narine, ou presque, et 420 nominations d’arbitres sur ‘ensemble de la compétition. De longues journées avec un réveil en général à 5h30 du matin et un retour à l’hôtel entre 22 et 23h.

 

Et puis, il y avait cette gentillesse, cette politesse, cette hospitalité, cette prévenance, bienveillance de toutes les parties prenantes japonaises (organisateurs, volontaires, armée, police…). Des caractéristiques fortes de la culture locale. Les incivilités sont un comportement inconnu au Japon….

 

Pour terminer, un voyage de retour sans encombres…Des formalités de départ à l’aéroport (contrôles de sécurité, douane…) effectuées en 5 minutes montre en main. Rien à voir avec les 4 heures supportées à l’aller…Rire

Juste un petit moment de stress à Francfort ou j’entendis que l’hôtesse appelait mon nom..mais c’était juste pour s’assurer que je comprendrai les consignes dans l’avion, mon siège étant à côté d’une issue de secours….

Il ne reste plus qu’à savourer et utiliser l’expérience de ces Jeux pour garder des images incroyables en tête, mais aussi gagner en performance dans le cadre de mon activité de superviseur d’arbitres au sein de la fédération mondiale de badminton…

A bientôt…

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